Mikael Tariverdiev
Note : 9/10
Label : Earth Recordings
Année : 2015
En 2011, Stephen Coates, fondateur et chanteur du groupe britannique The Real Tuesday Weld, entendit pour la première fois la musique de Mikael Tariverdiev dans un café moscovite. Voulant s’enquérir du patronyme de l’auteur de ces rengaines, Coates se vit répondre par le tenancier que “cela lui rappelait le bon vieux temps”. S’ensuivit une quête passionnée qui le mena à rencontrer Vera Tariverdieva, femme du compositeur, et dont l’aboutissement est la sortie du coffret Film Music, tout premier abrégé occidental des innombrables musiques de film composées par Tariverdiev (plus de 130, jusqu’à son décès en 1996). Furieusement passionné par la musique et le cinéma, Mikael ne composa pas uniquement des bandes originales, puisqu’il créa également des ballets, romances ou des opéras.
Compilée et agencée par Vera et Coates, Film Music est une merveilleuse introduction à l’abondante oeuvre de Tariverdiev, puisant sa source au confluent d’un jazz qui craque (All This Jazz), d’un piano tendre (Boys and the Sea, Part One) et d’une grande élégance d’écriture classique (Prelude for Cello and Piano). La sélection est globalement instrumentale mais inclut quelques morceaux chantés en langue russe, le tout dans une teinte légèrement sépia, aux contours craquelés mais toujours d’une superbe ingénuité, et toujours cette vaporeuse impression, sous la poésie russe de ces notes intimement scellées, de vivre la trouble vie projetée des héros, glorieux ou déchus.
Mikhail Khalik, réalisateur et grand ami de Tariverdiev, pour qui ce dernier composa bon nombre de bandes originales, avoue ne pas savoir où classer la musique de Tariverdiev, si ce n’est tout à côté des plus belles mélodies de Nino Rota ou Michel Legrand voire, ajouterait-on, des premières œuvres du jeune Gainsbourg. Et effectivement, à l’égal de ces compositeurs, Tariverdiev sait créer des pièces limpides et captivantes, de celles que l’on écoute les yeux fermés, parfois la gorge serrée, vers lesquelles l’on revient régulièrement errer.
Chronique parue sur Hartzine