It's Alive

It’s Alive

La Luz

 

Note : 8/10
Label : Hardly Art
Année : 2013

It’s Alive, éblouissant premier album de La Luz, transpire d’éclats sonores et porte fièrement le flambeau estampillé surf-music.

Le label Hardly Art a fait paraître plus tôt cette année le dernier album de Shannon and the Clams qui évoquait une certaine perfection de la cause surf / rockabilly, et les quatre filles de La Luz ne se sont pas trompées en sortant leur premier album It’s Alive sur ce même label. Inversement, Hardly Art, qui commence à posséder un très chouette catalogue garage et consorts (Jacuzzi Boys, Hunx & His Punx, Deep Time et Colleen Green, pour ne citer qu’eux), a fait preuve de discernement en signant le groupe. Le parcours de La Luz est d’ailleurs jusqu’ici exemplaire puisque, depuis les débuts du groupe originaire de Seattle il y a à peine un an, un EP 5 titres est paru chez Burger Records et Suicide Squeeze a édité un 45 tours.

 Un labyrinthe doré inextricable formant les contours d’un visage aux yeux d’un bleu givré, les globes oculaires inexistants ; voici pour la pochette (réalisée par l’artiste Matthew Craven). À l’intérieur, l’édition limitée du disque vinyle est, pour les plus rapides, d’un bleu pâle. Ces impressions chromatiques ne sont guère innocentes puisqu’elles révèlent la teneur musicale de ce disque. Fondamentalement, It’s Alive est un disque de musique surf, de ce genre simple et enjoué apparu au milieu du XXème siècle ; si simple que l’on pensait en avoir fait le tour jusqu’à ce que l’on pose cet album sur la platine. Les intentions sont empreintes de lucidité car il n’est pas ici question de reproduire ad nauseam la codification d’un genre. Ces codes sont bien là (essentiellement de la réverbération sur la guitare et les voix) mais au delà, la parure, autrement dit la production, brille de mille feux et, plus important, l’ossature mélodique de l’album est irréprochable.

« Sure As Spring » débute l’album sur les chapeaux de roue : entre couplets, refrains, solos de guitare et de claviers, le rideau s’ouvre sur un captivant panorama sonique. Éclatantes mélodies, harmonies à quatre voix (quatre timbres qui s’accordent d’ailleurs parfaitement) et une imparable section rythmique subliment tout au long de l’album des morceaux conquérants ou sereins. Les titres mid-tempo de l’album, « What Good Am I? », « Call Me in the Day » et « You Can Never Know » incite à la flânerie ; il y a de la délicatesse dans les pleins et les déliés des grilles d’accords utilisées. La Luz parachève l’harponnage mélodique de nos cœurs avec les morceaux les plus obsédants du disque : « All The Time », « It’s Alive » et « Big Big Blood ». Enfin, deux plages instrumentales, « Sunstroke » et « Phantom Feelings », soulignent de manière encore plus évidente le caractère surf music du disque en suggérant l’œuvre de celui que l’on surnomme le “King of the surf guitar” : Dick Dale.

Quelques mots viennent en tête à l’écoute de It’s Alive, des termes qui fusent presque insolemment : “effervescence”, “enthousiasme” et, bien évidemment, “insolation”. En espagnol, “La Luz” signifie “la lumière”. Incandescente, éblouissante, la musique gravée sur It’s Alive l’est véritablement. Ce disque transpire d’éclats sonores, et semble même vibrer comme sous la chaleur d’un soleil de plomb. C’est aussi, et surtout, un fantastique et sincère premier album.

Chronique parue sur Bong Magazine