Recovery Tapes

Recovery Tapes

Orval Carlos Sibelius

 

Note : 7/10
Label : Clapping Music
Année : 2011

Orval Carlos Sibelius, alias Axel Monneau, se porte comme un charme. Et pourtant. Après une déception sentimentale et avec pour emploi un poste de projectionniste qui l’ennuie pas mal, l’animal ne nous avait pas du tout prévenu de la teneur juteuse et rugueuse de son nouvel album, qui sort cinq ans après un premier disque éponyme sur le label Clapping Music Yeti Lane,Clara ClaraThe Berg Sans Nipple et Karaocake). Entre-temps, Orval Carlos Sibelius est apparu au sein de Centenaire (autre signature du label) en tant que guitariste, après quoi il s’est remis à écrire des morceaux en prévision d’un second album. Jusqu’à ce réveillon 2010 où, dans sa cabine de projection, pour conjurer la monotonie, Orval Carlos Sibelius sort sa guitare et compose « Sientelo ». D’autres morceaux suivent, enregistrés analogiquement, et ces chansons deviennent son troisième album, avant même la sortie du second toujours en cours d’écriture.

Recovery Tapes, ce sont 25 minutes lunatiques marquées par une production chancelante mais infiniment séduisante. Car même mis sur bande avec les moyens du bord (un 4 pistes et un ghetto blaster), un album peut être plus généreux qu’un autre disque hautement produit. Tout n’est heureusement pas affaire de production. « I Don’t Want a Baby », derrière ses paroles dépressives (« My life is a failure, I may have a cancer, I use to be so cool when we were young »), est le morceau le plus enlevé : la guitare est énervée et les claviers analogiques sont brutaux. Les titres acoustiques (« First Booke of Songes », « Recovery Days ») sont des merveilles aux mélodies semblant être empruntées à John Lennon, et les arrangements à Sébastien Tellier lorsqu’il nous proclama L’incroyable Vérité. « Sientelo » emprunte sa rythmique et ses choeurs conquérants à This Heat, entre post-punk et psychédélisme. Et « Dead Slug », calme avant les coups de grisou des refrains, divague entre sérénité et violence noisy. « Under the Carrot Sky » est un hymne caché au krautrock, à supposer que le ciel en question, couleur orangée, soit celui de la pochette de Deluxe, album culte d’Harmonia, une des figures emblématiques de ce courant.

Sorti sur vinyl 10 pouces (également en digital, et prochainement en musicassette), cet album fut enregistré dans l’urgence par Orval Carlos Sibelius avant un voyage au Mali prévu de longue date (de peur de ne jamais en revenir, cet album aurait dans ce cas eu une valeur testamentaire). Et ce que nous entendons découle de cet impératif : des morceaux kaléïdoscopiques où les idées fourmillent sans emphase.

Chronique parue sur Goûte Mes Disques