Stephen Malkmus and the Jicks
Note : 9/10
Label : Matador
Année : 2011
Stephen Malkmus, ex-leader de Pavement, nous livre depuis déjà une décennie ses albums solo. Avec la tournée de reformation l’année passée, nous avions tous cru à une renaissance du groupe phare des 90’s, mais ces fulgurants concerts se sont tenus pour des raisons évidemment lucratives. Et si nous avions secrètement rêvé de la parution d’un nouvel album du groupe, il n’en fût rien.
La discographie de Stephen Malkmus est cyclique. Le premier album éponyme restait dans la lignée des albums de Pavement : de fiers morceaux pop tout en pleins et déliés, aux mélodies claires et insoumises. Mais peu à peu, un psychédélisme latent a pointé le bout de son nez: les arrangements de certains morceaux s’ébouriffaient (Sur Pig Lib, « 1% of One » annonçait ce tournant avec ses 9 minutes et 11 secondes de solos et cassures de rythme). Face The Truth et Real Emotional Trash trépignaient également sous les glorieux assauts des claviers, parfois, et guitares saturés, souvent, sur des morceaux de bravoure tels que « No More Shoes », « Dragonfly Pie » et « Real Emotional Trash ».
La circularité au sein de la discographie de Stephen Malkmus réside dans cette habileté à revenir aux sources sur ce cinquième album – ce qui ne veut absolument pas dire que le bonhomme tourne en rond. Les morceaux tendent vers une écriture essentielle que l’on a surtout entendu sur son premier effort solo, Stephen Malkmus. Car on le sait, les meilleurs atouts de Malkmus résident dans la concision. La présence de Beck à la production n’est pas étrangère à cette clarté, tout comme le fait que l’album ait été enregistré en seulement quelques jours. On sait très bien ce dont Beck est capable lorsqu’il s’agit d’illuminer (voire enluminer) des albums, ce que l’on a pu constater il y a quelques mois avec sa présence aux manettes sur Demolished Thoughts de Thurston Moore.
Et de la lumière, il y en a sur cet album. « Tigers » et ses slides salutaires, « Senator » dont le fameux blowjob a été officiellement remplacé par corn job pour ne pas heurter les âmes sensibles, la merveilleuse ballade bondissante « Stick Figures In Love », l’éminent « Forever 28 » (l’âge exact que paraît avoir Malkmus sur cet album), l’acoustique demi-frère de « We Dance » qu’est « No One Is (As I Are Be) » … ces morceaux ne dépareilleraient clairement pas un album de Pavement. Car force est de constater que Mirror Traffic est un album à l’écriture limpide et éclairée et est surtout à ce jour l’album le plus réussi de Stephen Malkmus.
Chronique parue sur Goûte Mes Disques