Yeti Lane
Note : 8/10
Label : Clapping Music
Année : 2012
Genèse quasi-dichotomique: au commencement, il étaient quatre et formèrent Cyann & Ben. Entre 2001 et 2006, Cyann & Ben livra quelques beaux albums, dont le très réussi Happy Like an Autumn Tree et son trésor caché « A Moment Nowhere ». En 2009, Cyann s’en alla, les trois garçons restèrent, et Yeti Lane naquit. Un album éponyme valu pas mal d’éloges au trio malgré, avouons-le, une production trop timide (alors que Sweet Beliefs, le dernier album de Cyann & Ben paru en 2006, possédait un son assez bien fichu). Un garçon, Loïc s’en alla. Il en resta deux. En un EP (Twice, en 2010), le duo marqua d’une pierre blanche ses inclinations vers une nouvelle musique, plus frappante, plus incisive, aux mélodies néanmoins tout aussi formelles et brillantes que par le passé.
Sous ce principe de fragmentation, la musique établie par les deux membres de Yeti Lane sur The Echo Show triomphe et se distingue dès « Analog Wheel », près de 8 minutes passionnantes durant lesquelles la mélodie serpente, s’ébouriffe : le type même de morceau qui coupe le souffle et qui ne peut être placé qu’en début ou fin de disque. D’entrée de jeu, cet album impressionne par sa production, par ce mille-feuille sonore et explosif créé avec l’aide d’Antoine Gaillet que l’on a déjà vu aux manettes de disques de M83, The Berg Sans Nipple ou Zombie Zombie. The Echo Show apelle quelques références précieuses de la pop kaléidoscopique des années 2000, à savoir The Flaming Lips (le fantôme de Wayne Coyne sur « Dead Tired »), ou Grandaddy (le poltergeist à casquette de Jason Lytle sur « Warning Sensations »). Ben Pleng et Charlie B créent sur ce disque un recueil d’autant plus analogique que les synthés ont une place prépondérante, avec toujours le même amour d’antan pour les arpeggios et les mélodies élégantes. Les guitares sont de sortie comme jamais elles ne l’avaient été auparavant, et, couplées aux pédales fuzz et wah-wah comme sur le lourd mais néanmoins racé « Faded Spectrum », mettent la dernière main à la brillance du spectre sonore de ce disque.
Cette prochaine phrase n’apprend rien à personne: l’écriture mélodique n’a de sens que lorsqu’elle touche les coeurs et juxtapose richesse et simplicité. Les deux membres de Yeti Lane ont toujours appliqué cet axiome. Et c’est maintenant, sur The Echo Show, cet album au son énorme et aux mélodies ciselées, que Yeti Lane vise pile le myocarde pop.
Chronique parue sur Goûte Mes Disques